Les résultats des élections au Parlement européen n’étaient pas inattendus au vu des événements géopolitiques importants qui se déroulent sur le continent et de la montée du nationalisme.
Les résultats définitifs ont montré que le groupe du Parti populaire (PPE) a obtenu 26,3% des sièges, suivi du groupe des socialistes avec 18,8%, puis des libéraux avec 11,5%. Les conservateurs ont obtenu 10 % des voix, l'extrême droite 8,1 % et les partis écologistes arrivent en deuxième position avec 7,4 %.
Commentant les gains significatifs de l'extrême droite lors de ces élections et l'impact que cela aura sur le parcours politique de l'Union européenne dans les années à venir, Joseph Azar, chercheur spécialisé en économie européenne, estime que «Le taux d’absentéisme avait son poids cette fois pour donner un coup de pouce à l’extrême droite », soulignant qu'«Il a fallu attendre 3 décennies pour remarquer une hausse brutale dans le nombre de votes pour ce parti (Mme Marine Le Pen et M. Jordan Bardella) de 32 % ».
Azar a souligné aussi que «les inquiétudes sont énormes surtout pour le Président de la République Française Emmauel Macron, surtout que les extrêmes à eux seuls un poids de 50% des voix. C’est pour cela il a accordé au peuple la possibilité de voter le 30 Juin et le 7 Juillet afin de constituer un nouveau Assemblée nationale. Selon le Président , c’était une décision grave et lourde de dissoudre l’Assemblée nationale mais toutefois par le vote pour garantir un meilleur avenir au Pays et pour les générations qui viennent ».
En ce qui concerne le programme de l’extrême droite, le chercheur a dit qu'il peut être résumé comme ceci:
- Réduire les dépenses de l’Etat: donc le rôle de l’Etat n’est pas une question importante pour cette idéologie.
- Réduire la TVA sur les produits dits de première nécessité. Cette engendre une grande perte de recettes fiscales. Les riches, qui ont déjà les moyens à consommer, vont consommer plus et les populaires ne pourront pas observer une hausse de leur pouvoir d’achat. C’est le scénario au moment où l’Etat accepte de perdre ses recettes fiscales. Le deuxième scénario c’est la marge de distribution dans les entreprises qui va augmenter et non pas le Pouvoir d’achat des individus.
- La question de la dette publique reste importante. Pour l’extrême droite ( influencée par le courant libéral) voit qu’il faut se débarrasser de la dette publique. L’argument est toujours limité uniquement sur le ratio de la dette publique par rapport au PIB, alors qu’en réalité le ratio de solvabilité indique que tout est sous contrôle. La différence entre ces deux ratios est simple. Le premier consiste à comparer un stock pluriannuel (la dette) à un flux annuel (le PIB), ceci ne porte aucune signification économique. Le second consiste à comparer le service de la dette annuel par rapport au recette annuel, ce qui est bienvenu. Il faut noter que le aux d’endettement devrait prendre en considération la socialisation des dépenses ( ce qui n’est pas présent dans le programme de l’extrême droite) liées à l’éducation, maladie, retraite etc (Piluso,N., 2023).
Misant en relief les objectifs de l' extreme droite, Azar a appuyé sur le fait que ce programme s’abstient contre les discriminations et les harcèlements sexuelles, contre l’égalité de droits entre les hommes et les femmes (surtout au niveau salarial), contre un fond social pour le climat et la transition écologique.
Enfin, Azar trouve qu'il faut attendre les jours qui suivent pour voir clairement la nouvelle orientation du nouveau front populaire face à l’extrême droite.